miércoles, 16 de febrero de 2011

Articulo 8 L'espoir qui vient de naître sur les bords du Nil


 | 12.02.11
Un moment historique, assurément, et lourd d'autant d'espoirs que de défis. En dix-huit jours, l'Egypte s'est libérée d'une autocratie politique brutale et très largement corrompue. La révolte des bords du Nil a emporté le régime sclérosé qu'avait fini par incarner Hosni Moubarak, 82 ans, acculé, vendredi 11 février, à prendre sa retraite dans sa villégiature, au bord de la mer Rouge.
L'étincelle est venue de Tunisie, où, les premiers dans le monde arabe, des femmes et des hommes sont descendus dans la rue et ont abattu la kleptocratie policière de Zine El-Abidine Ben Ali. Mais ce n'est pas faire insulte aux Tunisiens que de dire que la "révolution de la place Tahrir", au Caire, résonne comme un événement de portée autrement plus importante.
L'Egypte est un géant arabe. Par sa population, la plus nombreuse du Proche-Orient (85 millions d'habitants). Par sa puissance militaire. Par son rôle traditionnel de leader régional. Enfin, par la garantie d'équilibre stratégique que représente un pays allié des Etats-Unis et signataire d'un traité de paix avec Israël.
Un bouleversement à la tête de l'Egypte ne peut pas ne pas ébranler le statu quo politique dans un Proche-Orient où, à l'exception d'Israël, règnent des régimes atteints des mêmes pathologies : paternalisme prédateur, omnipotence des services de sécurité, dévoiement des pratiques électorales.
L'explosion de joie des Egyptiens, ce sentiment d'une dignité retrouvée, la peur vaincue, l'ivres-se des premiers instants de liberté, tout cela pourrait bien être contagieux. Il y aura peut-être un printemps arabe - parce qu'il n'y a pas de fatalité de la dictature, nulle part.
L'acte I du soulèvement égyptien appartient tout entier aux manifestants de la place Tahrir, au coeur du Caire. Ils furent un exemple de maturité politique, un modèle de protestation civile comme le monde en a peu connu : non-violence, courage face aux nervis du régime, détermination absolue.
L'acte II a été leur victoire, vendredi, quand le vieux raïs, sous pression de la rue, et sans doute de ses chefs militaires comme des Etats-Unis, a compris qu'il fallait partir. C'est le propre des tyrannies de ne pas savoir quand il est trop tard. Ces réformes promises par M. Moubarak - levée de la censure, élections libres, etc. -, il eût fallu les entreprendre il y a quelques années déjà.
L'acte III est dans les mains de l'armée, très largement. C'est elle qui hérite du pouvoir. Depuis les années 1950, elle forme l'ossature du régime. Elle est assez respectée. Elle a fait savoir dès le début des événements qu'elle ne tirerait pas sur la foule. Elle est sans doute divisée, à l'image du pays, traversée de courants allant de la gauche laïque aux Frères musulmans, du réformisme au conservatisme.
Une tâche énorme et inhabituelle pour une armée lui incombe : organiser une transition vers un pouvoir stable et démocratique. Ce n'est pas jouer les Cassandre ou les rabat-joie que de dire que ce ne sera pas facile.

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